Qui est-il donc pour être si libre?

Un matin de janvier 2021, j’ai chanté professionnellement à une messe d’enterrement comme cela m’arrive quelquefois. J’ai été frappé par la lecture de cet épisode si connu de l’Évangile selon saint Marc 4, 35-41 dit « La Tempête apaisée ».  Permettez-moi de relire cette péricope comme si c'était un rêve!

Il m’est apparu que celui dont on parle là est un sujet libre, ce qui est bien notre quête.

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En ce jour là, le soir venu, Jésus dit à ses disciples :
Le soir vient, moment de la lumière dans les ténèbres, donc la venue des songes de la nuit.



« Passons sur l’autre rive ».  
Passons du côté inconnu de nous-mêmes, du côté de ce qui n’est pas encore advenu à la conscience. Lieu de vérité, mot que les grecs nomment aletheia qui veut dire : l’autre rive du fleuve Léthé.



Quittant la foule, ils emmenèrent Jésus dans la barque où il se trouvait, et il y avait d’autres barques avec lui.
Quittant la persona, la foule des déterminismes, Jésus est déjà dans la barque parce qu’il sait marcher sur la mer de l’inconscient. D’autres barques sont là comme autant de rêveurs qui sont dans le travail intérieur.



Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait.
L’inconscient qui est libre de se manifester, est une tempête pour le « moi ». Et comme dans des rêves assez semblables, il y a inondation de l’inconscient dans notre être-barque.



Lui dormait sur le coussin à l’arrière.
Jésus, modèle d’individuation est à l’arrière, du côté de « ce qui ne se voit pas mais qui gouverne ». Il rêve ?



Les disciples le réveillent et lui disent : « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? »
Affolement de l'affectif, affolement du "moi" comme cela kpeut arriver à tous.



Réveillé, il menaça le vent et dit à la mer : « Silence, tais-toi ! » Le vent tomba, et il se fit un grand calme.
Comme Job, Jésus fait son travail de réconciliation des contraires par une demande de l’ordre de l’imaginal : ce n’est pas que le vent doit s’arrêter, mais qu’il fasse silence : serait-ce le silence du «moi», le bruit autour de l’âme, pour écouter le souffle numineux ?



Jésus leur dit : « Pourquoi avez-vous si peur? N’avez-vous pas encore de foi ? »

La Foi n’est pas un dogme, elle est la mémoire d'une expérience spirituelle, c’est-à-dire une émotion numineuse d’un événement, un Kairos dans notre temps Chronos qui se traduit par la certitude du lien hermétique.



Saisis d’une grande crainte, ils se disaient entre eux : « Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? »
Qui est-Il ? Il est l’individuation, le Soi, l’entrée en mystère.
La crainte est ici un respect humble devant cette expérience d’individuation. 

Détail du vitrail de l’église St-Sulpice d’Ossé (35) – Photo : GO69 / CC BY-SA (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0) / Wikimedia Commons / image modifiée.